- AMAZONIE
- AMAZONIEL’Amazonie est un vaste bassin de 6 millions de kilomètres carrés dont la moitié appartient au Brésil et le reste, largement étendu au pied des Andes, se partage entre le Venezuela, la Colombie, l’Équateur, le Pérou et la Bolivie. Vaste golfe sédimentaire, resserré au centre entre les deux massifs anciens, des Guyanes au nord et du Mato Grosso au sud, la zone de dépression s’étend démesurément dans l’intérieur du continent sud-américain à l’ouest et s’élargit aussi vers l’est, où elle prend fin avec l’immense delta enserré entre les bras du fleuve Amazone.Aspects physiquesLa fosse de l’Amazonie est très profonde, et les pétroliers ont creusé jusqu’à plus de 4 000 mètres à l’ouest du rio Tocantins sans atteindre le soubassement cristallin. Le lit majeur de l’Amazone et de ses affluents inférieurs couvre 65 000 kilomètres carrés: c’est une plaine très basse, sans pente (l’Amazone ne coule qu’à 65 m d’altitude 2 500 km avant d’atteindre la mer). Toute la région est recouverte par l’épaisse et impénétrable forêt équatoriale, mais, lorsqu’on se rapproche des fleuves, on se trouve dans un lacis inextricable de lacs, de chenaux, de bancs de sable.Le climat, dans l’ensemble, est chaud et humide: les températures oscillent entre 24 et 26 0C pendant toute l’année. Il tombe environ 3 mètres d’eau par an, sauf dans la partie centrale vers Manaus.La populationLa densité de la population est extrêmement faible. Dans la partie brésilienne qui couvre 3 580 000 kilomètres carrés, on ne compte que 10 500 000 habitants, soit 6,8 p. 100 de la population nationale répartie sur 42 p. 100 du territoire. Cependant, entre 1970 et 1990, l’accroissement de la population a été de 157 p. 100, contre 58 p. 100 pour l’ensemble du Brésil. Les rares lieux habités se trouvent le long des fleuves, qui ont longtemps constitué les seules voies de pénétration et de liaison. Le développement de l’aviation et la construction de routes ont offert de nouvelles possibilités. On a découvert, dans la forêt, en 1946, des tribus comme celle des Chavantes qui n’avaient jamais été en contact avec les Blancs, après plus de quatre siècles de colonisation. Il existe pourtant deux villes importantes en Amazonie: Belém, sur le chenal sud du delta de l’Amazone (230 000 habitants en 1950, 1 418 000 en 1990) et Manaus, la capitale de l’intérieur (dont la population est passée de 100 000 habitants à près de 1 million dans le même temps). Après avoir été la grande capitale du caoutchouc amazonien, Manaus est devenue un important centre industriel, en particulier dans le domaine des appareils électriques et électroniques. Elle dispose d’une zone franche, créée dans les années 1960, pour sortir la région de la crise économique dans laquelle elle se débattait. Cette zone franche s’étend sur une surface de 10 000 kilomètres carrés et comprend un centre industriel, un centre commercial et un district agricole et d’élevage. Les avantages fiscaux accordés aux entreprises industrielles qui y sont implantées sont considérables. En 1982, la zone franche de Manaus a exporté des marchandises d’une valeur de 150 millions de dollars. On cherche à stimuler encore ce processus d’exportation. À côté des produits traditionnels de l’extraction destinés aux États-Unis et à l’Europe (bois, noix du Brésil, sorbe, guarana, avec lequel on fabrique des boissons, fibres de jute et de malva , etc.) sont apparus des produits nouveaux de technologie avancée (appareils de télévision, chaînes hi-fi, circuits imprimés, machines à calculer électroniques mais aussi rasoirs, verres pour lunettes, bicyclettes, bateaux, etc.). Le mouvement commercial est intense.Les ressourcesPendant très longtemps, le caoutchouc fut la grande richesse de la région, mais, après 1912, il subit la concurrence des plantations de Malaisie. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Ford essaya de développer de nouvelles plantations en Amazonie; à partir de 1942, la Banque de crédit du caoutchouc entreprit l’amélioration des moyens de transport, de l’état sanitaire, et créa des coopératives. Les résultats furent médiocres faute de main-d’œuvre.L’agriculture était insignifiante et occupait moins de 1 p. 100 des terres cultivables. La culture itinérante prédominait. Les plantations sur brûlis duraient un ou deux ans; les habitants produisaient uniquement pour leur seul usage du manioc, du riz et de la canne à sucre. Certains faisaient un petit commerce de piments, de jute, de cacao. La seule région qui pouvait prétendre à l’exportation était celle de Belém, près de l’embouchure.À la fin des années soixante, le gouvernement brésilien mit en place l’opération «Amazonie» pour favoriser le développement économique et social de la région. Il créa la Sudam (Surintendance du développement de l’Amazonie) qui pratiqua une politique d’encouragements fiscaux: n’importe quelle entreprise brésilienne pouvait déduire jusqu’à 50 p. 100 de son impôt sur le revenu si elle choisissait d’investir les fonds ainsi économisés dans les projets du secteur agricole, de l’élevage ou du secteur industriel approuvés par la Sudam. Parallèlement fut menée une politique de construction routière qui commença avec la Belém-Brasília et se poursuivit avec la Transamazonienne. Le gouvernement se réserva le contrôle de toutes les terres publiques situées dans une bande de 100 kilomètres de part et d’autre des routes amazoniennes (1971). Ces mesures permirent d’ouvrir environ 2,25 millions de kilomètres carrés à la colonisation. Au début, ce furent de petits agriculteurs qui cultivèrent les terres (en particulier ceux du Nord-Est brésilien frappé par la sécheresse: on créa des lots de colonisation d’une superficie de 100 hectares ainsi que des villages, les agrovilas ). À partir de 1974 apparurent de grands domaines contrôlés par de puissants groupes financiers brésiliens et surtout multinationaux. Le groupe Rockefeller possède ainsi 500 000 hectares; une autre société américaine, la Georgia Pacific, plus de 646 000 hectares; Volkswagen do Brasil 220 000, etc. Ces groupes ont créé des pâturages sur lesquels sont élevés plus de 6 millions de têtes de bétail. Le milliardaire américain Ludwig est le plus célèbre de ces nouveaux fazendeiros : sa société «Jari» a constitué au nord de Belém un immense domaine agro-industriel qui atteint environ 6 millions d’hectares; il produit 50 000 bovins par an dans «le plus grand élevage du monde», de la canne à sucre, du soja, du maïs, du blé. Mais il possède également des unités agro-alimentaires, des usines de traitement de bauxite, de fabrique de cellulose et de pâte à papier. Le tout est destiné à l’exportation, notamment vers le Japon. Quelque 30 000 ouvriers sont employés dans des conditions «semi-esclavagistes».Toutes ces opérations ont entraîné des défrichements considérables: en 1980, plus de 10 millions d’hectares ont été détruits, notamment par incendies volontaires; en cinquante ans, un cinquième des arbres de la plus grande forêt tropicale auraient déjà été abattus. Si le déboisement se poursuit au même rythme, l’Amazonie ne sera plus dans un demi-siècle qu’un immense désert! Certains climatologues-écologistes y voient une perspective catastrophique car la forêt amazonienne, ce «poumon du monde», contribue à elle seule à 50 p. 100 de la production mondiale d’oxygène. Sa destruction aurait des conséquences incalculables sur le climat mondial par augmentation de la teneur en gaz carbonique dans l’atmosphère et élévation de la température. On a déjà remarqué, depuis 1970, des crues anormales par leur ampleur alors que, inversement, les cours d’eau disparaissent lors de la saison sèche. L’Institut brésilien de la forêt (I.B.D.F.) essaie de contrôler les déboisements avec l’aide des photos du satellite américain Landsat. Les Péruviens et les Boliviens, sur le territoire desquels s’étend également la forêt amazonienne, se sentent aussi concernés. Pourtant, un nouveau péril menace encore la forêt: le développement de vastes plantations de canne à sucre et de manioc pour la production d’alcool combustible dans le cadre du programme national pour l’alcool (Proalcool).L’Amazonie a également de riches possibilités industrielles. De nombreux sondages de la Société nationale brésilienne Petrobras ont permis de découvrir des gisements de pétrole depuis 1955. L’exploitation est modérée. Une raffinerie a été créée à Manaus, qui reçoit aussi du pétrole brut du Pérou et du Venezuela. On compte intensifier la production nationale. Il existe également des gisements de gaz naturel importants (50 milliards de m3) qui justifieraient la construction d’un gazoduc jusqu’à São Paulo. Les richesses minières sont particulièrement considérables: minerais de fer et de manganèse de l’Amapá (exportés presque totalement vers les États-Unis), étain de Rondônia, potasse, bauxite, or, diamant, etc. Les plus belles richesses se situent dans le Carajas: sa mise en valeur est considérée comme ayant la plus haute priorité nationale. En effet, son gisement de minerai de fer classe le Brésil au deuxième rang mondial pour les réserves derrière l’ex-U.R.S.S.: 18 milliards de tonnes de minerai d’une teneur de 66 p. 100. Pour la mise en exploitation, on a construit une voie ferrée de 900 kilomètres aboutissant à São Luis, sur la côte. Le gouvernement brésilien espère ainsi attirer les capitaux étrangers qui contribueraient à exploiter les autres ressources minières de la région: cuivre (1 milliard de tonnes), bauxite, nickel, or, etc. On veut faire de ce secteur «la plus grande province minérale du monde». En dehors du Carajas, on a découvert de l’uranium à 80 kilomètres de Manaus, dans le lit du rio Negro. De nombreux projets sont en cours pour l’exploitation du potentiel hydroélectrique de l’Amazonie: la construction d’une des centrales hydroélectriques les plus grandes du monde (capacité finale de 6,7 MkW) a commencé à Tucurui, sur le Tocantins (2 générateurs sur 24 ont été mis en service en novembre 1984). Cette rivière serait transformée, à terme, en un chapelet de lacs de barrages sur une longueur de 2 500 kilomètres.Ainsi, les projets ne manquent pas pour assurer le développement économique de cette région; cependant, certains paraissent un peu trop ambitieux et ne prennent pas assez en compte le sort des populations et de la forêt amazonienne.Amazonievaste plaine de l'Amérique du Sud (4 500 000 km²) drainée par l'Amazone et ses affl. Limitée par le plateau des Guyanes, le plateau brésilien et la chaîne des Andes, elle est située sous l'équateur: climat chaud et humide, forêt dense, hostile à la vie humaine. Toutefois, après le rush sur le caoutchouc (1886-1912), les recherches (après 1966) ont révélé les fabuleuses richesses du sous-sol, que le Brésil veut exploiter; la construction de la Transamazonienne (5 000 km), le déboisement (de l'ordre de 10 % actuellement), la disparition des Amérindiens soulèvent des inquiétudes.
Encyclopédie Universelle. 2012.